À quoi s'attendre à la rentrée? Préparer le retour au travail après une longue période de confinement n'est pas une mince affaire! Le retour à des interactions « en direct » risque de générer une multitude de réactions émotives variant grandement d’une personne à l’autre. Chez certaines personnes, cette nouvelle réalité engendrera à nouveau des réactions de stress, de peur et d'anxiété. Pour d'autres, délaisser le virtuel pour retrouver plus de présences directes suscitera des réactions positives telles que l'excitation, la joie, l'enthousiasme. Alors, comment composer avec ces dualités?
Concilier diverses émotions contraires au retour, c’est possible
Puisque la pandémie a bouleversé la majorité d’entre nous, que ce soit sur les plans personnel ou professionnel ou les deux, il n’est pas nécessaire d’ajouter d’autres conditions de stress qui auraient un impact sur le climat de travail ou sur la santé psychologique des gens. La clé pour composer et concilier diverses réalités émotives est de préparer soigneusement le retour au travail afin que cette transition se fasse dans le plus grand respect de tous ainsi que dans l’harmonie. Cette responsabilité incombe aux professionnels en ressources humaines ainsi qu’aux gestionnaires. Ils donnent le ton aux équipes de travail et précisent les règles et les attitudes à adopter dès le retour au travail.
L’expérience m’a démontré jusqu’ici, que face à l’incompréhension d’une réaction d’un collègue de travail, le piège fréquent est de tenter d’expliquer cette situation avec ses propres schèmes de référence, ses valeurs et ses expériences passées. Bien que l’intention puisse être louable, rien ne garantit que l’analyse soit juste. Puisque chaque personne est différente et que la capacité de résilience n’est pas la même pour tous, nous ne réagissons pas vraiment de la même façon aux situations variées de la vie. Si la situation persiste et que les réactions émotives du soi-disant collègue nous irritent, un autre piège est de porter un jugement sur ces réactions, soit en les ridiculisant ou en les banalisant.
Pour éviter ces deux pièges, le réflexe à développer est de tenter de comprendre la réaction de l’autre en rajustant nos lentilles. Oui, oui j’ai dit rajuster vos lentilles à savoir adopter un regard différent pour saisir ce qui n’est pas exprimé. Voici deux lentilles simples pour vous aider à mieux comprendre les réactions des anxieux (chez qui le retour engendre un haut degré de stress) et celles des optimistes (ceux qui n’y voient que du positif) afin d’être à l’écoute des besoins des autres et de maintenir des relations bienveillantes.
Les personnes ANXIEUSES
CROYANCE : une menace ou une catastrophe peut toujours arriver. Elles ont en grande partie eu raison avec la pandémie. Ainsi, le retour au travail sera synonyme de risques plus élevés de contagion dès le retour sur les lieux du travail.
BESOINS ET COMPORTEMENTS : elles recherchent à tout contrôler par des gestes répétitifs, des manies, des rappels aux autres voire même imposer aux autres leurs règles et leurs façons de faire.
COMMENT RÉAGIR : les écouter, les aider à relativiser et à dédramatiser les situations, les aider aussi à identifier leur zone de contrôle et comment elles peuvent agir sur celles-ci.
LE VERBE RASSURER : rassurer aura certes un impact positif. Soit de calmer l’anxiété, le stress, soit d’aider la personne anxieuse à focaliser sur des aspects sur lesquels elle a du contrôle.
FORCES : les personnes anxieuses ont cette capacité à anticiper les risques probables que d’autres personnes ne verront pas. Il faut savoir les écouter, car il peut y avoir un fond de réalisme dans leurs appréhensions.
Les personnes ENTHOUSIASTES
CROYANCE : il ne faut pas exagérer et se laisser envahir par la peur! Vivre et laissez vivre est leur devise.
BESOIN : retrouver une certaine normalité en adoptant des comportements grégaires où la reprise des interactions sociales, en mode réel (et oui, le virtuel ne comble pas tous les besoins sociaux!) est importante pour elles. Le risque serait de présenter un relâchement des règles sanitaires. Cela pourrait être perçu comme une certaine insouciance ou une banalisation des règles par les anxieux.
COMMENT RÉAGIR : il faut leur rappeler les règles, l’importance de considérer les réactions des autres. Trop d’enthousiasme peut agacer et exacerber les réactions des anxieux, voire même les vexer. La modération est de mise.
VERBE CONTENIR : agir avec modération, prudence et ouverture face aux réactions des autres aidera à ne pas créer de tensions inutiles.
FORCE : ces personnes « contaminent » favorablement les collègues et le climat de travail par leur optimisme et leur énergie positive. On a besoin de leur enthousiasme pour passer à travers cette période d’incertitude et de changements importants qui se prolongera encore sur plusieurs mois.
Ces lentilles offrent une façon rapide de comprendre l’autre, d’être sensible aux besoins d’autrui. Toutefois, cela n’explique pas tout. Il est probable que des réactions de survie, aussi appelées réactions de l’ego, peuvent avoir été enclenchées lorsqu’une personne fait face à des périodes de stress et que son réservoir d’adaptation s’épuise. Ces mécanismes ont pour effet de paralyser, en quelque sorte,, le fonctionnement « normal » de la personne.
Réactions de l’ego, vous connaissez?
L’ego réagit lorsqu’il se sent menacé, lorsque les besoins motivationnels fondamentaux de la personne ne sont pas satisfaits ou sont menacés de ne pas l’être. Toutes sortes de sortes de mécanismes ou réactions de survie s’enclenchent. Les collègues ou les proches auront le sentiment que ces réactions sont exagérées, que le contexte ne justifie pas de telles réactions. Il faut se rappeler, que lorsque l’ego est menacé et réagit, c’est un signal que la personne ne va pas bien du tout.
Peu importe que l’on soit devant des réactions émotives ponctuelles ou des réactions de l’ego, voici quatre règles de conduite à adopter.
- Faire preuve d’ouverture – face aux différences, face à l’émotion, face à la diversité… Exemple : Je comprends ton point de vue, mais je ne le partage pas. Que dirais-tu si … Chercher à comprendre l’autre plutôt que d’être compris est un élément important pour préserver le lien de confiance.
- Éviter de juger. Le jugement blesse et fait mal.
- Éviter de sur-réagir : prendre le temps de respirer, faire une pause, revenir à la personne lorsqu’on sera soi-même en contrôle avant d’entamer une discussion.
- Adopter une attitude de bienveillance : écoute, empathie, compassion. Même si les réactions de survie de votre collaborateur vous irritent, rappelez-vous que cette personne vous révèle un côté vulnérable de sa personnalité. Ce qui constitue un témoignage de confiance à votre égard.
En conclusion
La pandémie a engendré plusieurs pertes. Perte de contact, perte d’emploi, perte de sens… Chaque personne possède sa façon à elle de composer avec ces multiples deuils et défis. Nous sommes tous capables d’adaptation. C’est-ce qui est magnifique chez l’être humain. J’ai confiance que tout un chacun saura mettre en œuvre ce qu’il lui est possible de faire pour créer la paix et l’harmonie au travail. Ainsi, en mettant au premier plan le côté HUMAIN dans vos interactions quotidiennes, vous gagnerez la confiance et le respect de vos collaborateurs.