L’avis éclairé d’Étienne Beaulieu, CRHA, associé et consultant en développement organisationnel chez Grisvert.
Le travail collaboratif est-il plus approprié dans certains secteurs que d’autres ?
Peu importe leur taille ou leur secteur d’activités, toutes les entreprises ont intérêt à adopter des modes de travail collaboratifs. Une décision du service de la production, par exemple, risque d’affecter celui du marketing. Instaurer de bonnes pratiques de travail au sein d’équipes multidisciplinaires demande du temps, mais c’est ce qui permet à l’organisation d’avancer. C’est comme dans le proverbe africain : « Seul, je vais plus vite, mais ensemble, on va plus loin. »
Comment briser les « silos » ?
Le travail en silos [chacun de son côté ou en petites cellules] est le résultat de votre culture organisationnelle, c’est-à-dire la somme des comportements des individus. Pour la changer, il faut une volonté claire de la direction. Créer des espaces collaboratifs ou des bureaux à aire ouverte afin de multiplier les occasions de rencontres formelles et informelles, par exemple. Les outils technologiques peuvent aussi inciter les employés à collaborer davantage : je pense à des plateformes de travail collaboratives comme Slack, un outil intuitif qui centralise les communications et que chacun peut annoter en temps réel. C’est beaucoup plus efficace qu’une longue chaîne de courriels ! Mais attention : ce n’est pas parce que vous équipez vos employés d’outils de pointe que vous susciterez instantanément la collaboration.
Comment créer une chimie favorisant la collaboration ?
Il y a plusieurs façons. Je constate souvent que les organisateurs de réunions ne prennent pas le temps de bien préparer les rencontres. C’est une erreur, car les réunions bien organisées stimulent la collaboration et l’esprit d’équipe. Si vous en êtes l’instigateur, faites en sorte que tout le monde comprenne la même chose. De quoi exactement est-il question ? Quel est le but de la rencontre ? Il faut aussi encourager la liberté d’expression. On entend souvent dire que plus un groupe est nombreux, plus son quotient intellectuel moyen tend à diminuer. C’est le contraire quand vous avez des processus de collaboration clairs : l’intelligence du groupe augmente !
Quel est le rôle des dirigeants et des gestionnaires ?
Ils doivent créer des processus de collaboration efficaces et fixer les règles du jeu. Procédez par étapes : avec l’équipe, réfléchissez collectivement à l’amélioration de la collaboration. Dans un deuxième temps, échafaudez avec eux des pistes de solutions. Au moment de mettre en œuvre les nouveaux processus, communiquez clairement à leur sujet. Enfin, assurez-vous d’être cohérent : j’ai déjà conseillé une entreprise qui encourageait l’innovation, mais dont les employés n’avaient pas le droit à l’erreur !