« Il faut revoir nos attentes en tant que gestionnaire, dit Christine Corbeil, CRHA, présidente de Kalibre Conseil, une firme spécialisée dans la gestion stratégique des ressources humaines. Aucun plan de retraite ne retiendra un jeune pendant 30 ans de nos jours. Ceux-ci se demandent plutôt “qu’est-ce que j’ai aujourd’hui et maintenant ?” »
Selon Christine Corbeil, la rétention passe par quatre ingrédients essentiels. Elle nous les donne par ordre d’importance.
Une destination inspirante : « Les milléniaux sont en quête de sens : ils veulent participer à quelque chose de plus grand que la somme de leurs petites tâches quotidiennes », explique Christine Corbeil. Cela se traduit par l’élaboration d’une vision et d’une mission rassembleuses, par une communication sincère des valeurs de l’entreprise et par un positionnement du dirigeant comme mentor.
Des défis stimulants : « Il est facile de perdre l’intérêt des milléniaux, si on ne ponctue pas leur quotidien de petits défis dans lesquels ils pourront tester leurs habiletés et gagner en confiance en soi. Ce sont des personnes d’action », dit Christine Corbeil. La spécialiste met cependant en garde les dirigeants pleins de bonnes intentions qui souhaitent partager leur savoir et leur savoir-faire : « On doit leur expliquer ce que l’on attend d’eux, le quoi, en s’abstenant de leur imposer un comment. Ils sont débrouillards et créatifs : ils veulent sentir qu’on a confiance en eux. »
La considération : « Oubliez les évaluations annuelles, voire trimestrielles, conseille Christine Corbeil. On est devant des personnes habituées depuis toujours à obtenir une rétroaction sur tout ce qu’ils font, dès qu’ils le font. » Du feedback fréquent, tant positif que constructif, une réelle écoute et un mode de gestion flexible font en sorte que les milléniaux se sentent considérés comme des personnes plutôt que comme des exécutants assujettis à des critères de performance.
La connectivité : « Le wifi est dans leur ADN ! », blague Christine Corbeil. Toute politique interdisant la technologie ou la limitant les pousserait à la porte, selon la conseillère en ressources humaines. « Les frontières entre la vie professionnelle et personnelle n’ont jamais été aussi minces. L’employé qui commente une publication Facebook un mardi matin sera peut-être aussi celui qui choisira de rester au bureau plus tard un mardi soir pour finir la présentation due pour le lendemain. Les milléniaux ont horreur qu’on les surveille comme des enfants. »
En somme, ils veulent entendre un message clair : « Je te fais confiance, je te considère comme compétent et intelligent et j’agis comme tel. »