Si les grandes entreprises possèdent généralement des ressources assez importantes pour en allouer à la gestion de la santé et sécurité, pour les PME, cette réalité peut être différente. En effet, ces dernières restent trop souvent préoccupées par une gestion économique à court terme plutôt que par la gestion des risques professionnels. Pourtant, les PME peuvent atteindre d’excellents résultats en misant elles aussi sur la prévention.

Une démarche bénéfique

La performance d’une entreprise repose sur le leadership de la direction et l’engagement des acteurs. Au-delà d’un indicateur de performance, l’intérêt, la volonté, les ressources et les comportements doivent s’arrimer pour arriver à un résultat concluant. Par ailleurs, la règle générale relative au coût-avantage dit que pour chaque dollar déboursé à la suite d’un accident du travail, il en coûterait, en réalité, 4 $ à l’entreprise. Si cet effet de levier est tangible, qu’en est-il de l’amélioration de l’image de l’entreprise? De l’amélioration de la satisfaction au travail? De la rétention du personnel? Pourtant, ces éléments font également partie de la performance d’une entreprise et d’une culture santé et sécurité du travail (SST) positive. Et que dire des PME qui disent avoir à relever des défis pour recruter et conserver le personnel? Ainsi, on ne parlera plus de la notion d’évitement de coût, mais bel et bien de performance intégrée.

Construire son organisation en SST

Le programme de prévention

Une des obligations qui incombe à l’employeur est notamment d’utiliser les méthodes et techniques visant à identifier, contrôler et éliminer les risques pouvant affecter la santé et la sécurité du travailleur. Le programme de prévention permet de prévenir les risques professionnels et d’améliorer la SST de ces derniers. « C’est également la démonstration de la prise de conscience de l’entreprise . »
En revanche, pour être un document pertinent, il faut beaucoup plus qu’un simple copier-coller d’un autre programme de prévention disponible sur un site Internet, par exemple. Il s’agit plutôt d’effectuer d’abord l’inventaire des risques de chaque poste de travail de l’entreprise. Par le fait même, en identifiant les dangers, en analysant les risques et en priorisant les interventions requises, le programme de prévention se construit selon votre réalité opérationnelle. Du point de vue pratique, bien évaluer les risques professionnels passe par une observation des tâches et des procédés. Ensuite, il faut prendre en considération les obligations reliées à ces tâches ou activités de travail (par exemple, un travail effectué en espace clos). Une fois que tous les risques spécifiques à l’entreprise sont recensés, ils doivent être hiérarchisés selon deux indices : la fréquence d’exposition (probabilité) et la gravité (conséquences pour le travailleur). Enfin, un plan d’action doit être développé en fonction des risques majeurs (ou critiques) pour permettre leur réduction à un niveau acceptable. Si après analyse, le niveau de risque se trouvait sous un niveau acceptable, il n’y aurait pas lieu d’appliquer de mesure corrective, puisque ce risque serait considéré comme maîtrisé. Enfin, il faut également examiner les protocoles et procédures de travail existants pour vérifier si des moyens de contrôle sont déjà en vigueur ou non (pourquoi recommencer quand on peut juste améliorer la documentation existante?).
Le comité de santé et sécurité du travail (CSS), un must!

Au-delà de la conformité légale liée à certains groupes prioritaires, il faut voir le CSS comme étant un mécanisme de prévention puissant. En effet, si le CSS est efficace, respecte son mandat et que la direction lui consent les ressources nécessaires pour réaliser les actions correctives, par exemple, il y aura mobilisation de ses membres. Par leur volonté et leur intérêt à travailler en collaboration pour améliorer la SST, ils pourront influencer positivement la culture de la SST. Le CSS deviendra la voix et l’endroit privilégiés où la SST s’exprime. Il va de soi que les membres sont sélectionnés pour un mandat précis et selon leurs compétences et habiletés techniques et sociales.
Le représentant à la prévention (RP)

Lorsque la LSST prévoit la formation d’un comité de santé et sécurité du travail, au moins une personne est obligatoirement désignée parmi les travailleurs pour agir à titre de RP. Plusieurs responsabilités lui incombent, dont celles d’identifier les situations qui peuvent être source de dangers pour les travailleurs et de faire les recommandations qu’il juge opportunes. Cependant, ces fonctions ne lui sont pas exclusivement dévolues. Obligation légale ou non, pour renforcer une culture de prévention positive, il est fortement recommandé d’impliquer plusieurs acteurs en plus du RP pour augmenter le degré de responsabilisation au sein de l’entreprise. S’il n’y a aucun RP, il y a lieu d’évaluer la pertinence de désigner un responsable chargé des questions de SST pour l’entreprise. Ainsi, en appuyant une telle démarche, l’employeur favorisera la participation des travailleurs. Ces derniers auront un moyen de rapporter des éléments SST à un responsable qui pourra ensuite faire le suivi. Toutefois, si ce travailleur est le gardien des processus en SST de l’entreprise, il n’est pas le seul et unique responsable de l’application et de la gestion du programme de prévention. Sinon, il y a fort à parier que vos efforts de prévention s’envoleront avec son départ et, par conséquent, la mémoire SST de l’entreprise aussi.

Application pratique

Cinq étapes pour faire vivre une démarche de prise en charge en SST :
1. Connaître la loi et les règlements applicables à votre entreprise.
2. Identifier les dangers, analyser les risques et leurs conséquences.
3. Mettre en place le programme de prévention.
4. Inscrire ce programme dans une démarche d’amélioration continue (indicateurs de performance, mesures et corrections).
5. En parallèle, bâtir un plan de communication SST. Sans communication, la démarche s’essoufflera.
N’hésitez pas à demander l’avis d’un professionnel de la santé et sécurité du travail pour vous accompagner dans vos démarches de prévention. Veuillez noter que la certification CRSP/PSAC® veille au respect des principes en matière de contrôle des pertes, de prévention des accidents et de protection de l’environnement dans le cadre de ses activités quotidiennes.

En conclusion

Les conditions gagnantes pour une bonne prise en charge de la SST reposent sur le leadership et l’engagement de la direction d’une part, et sur la participation de tous, d’autre part. Il convient que cette responsabilité soit partagée pour que l’intégration de la SST dans les processus opérationnels permette à l’entreprise de faire face aux enjeux qui y sont liés. La prévention ne devrait pas être vue comme étant une dépense, mais plutôt comme un vecteur de changement et d’occasions d’amélioration dans une organisation en constante évolution.

Pour aller plus loin

ISO 45001:2018(fr) – Systèmes de management de la santé et de la sécurité au travail – Exigences et lignes directrices pour leur utilisation.
BNQ 21000 – Développement durable – Guide d’application des principes de la Loi sur le développement durable dans la gestion des entreprises et des autres organisations.

Références

1. Loi sur la santé et la sécurité du travail.
2. Règlement sur la santé et la sécurité du travail.
3. Règlement sur les comités de santé et de sécurité du travail.
4. Règlement sur le programme de prévention.
5. Règlement sur le représentant à la prévention dans un établissement.
6. ISO 45001:2018(fr). Systèmes de management de la santé et de la sécurité au travail – Exigences et lignes directrices pour leur utilisation.
7. La prévention des risques : un atout pour la performance de l’entreprise, HST no 251, avril/mai/juin 2018.

Voir aussi