On le sait, les employés cherchent désormais plus de flexibilité en matière d’horaires de travail, et un nombre croissant d’entreprises s’adaptent à ces nouvelles demandes. Quels sont les moyens pour une entreprise de satisfaire à ces attentes sans compromettre son rendement?
Dans le cadre d’un projet-pilote mené en 2015, plusieurs employeurs en Suède ont testé la journée de six heures dans l’objectif d’accroître la productivité des employés. Le bilan a été positif : la qualité des services a augmenté et les employés se sentaient beaucoup mieux. Toujours en Suède, le fabricant automobile Toyota fonctionne depuis 2002 avec deux quarts de travail de 6 heures. En fin de compte, les salariés ont considérablement augmenté leur productivité.
Pour Jacques Forest, CRHA, psychologue et professeur en psychologie organisationnelle à l’ESG UQAM, le modèle est intéressant : « Ce n’est pas vrai qu’entre 9 h et 17 h, l’attention de l’employé est là à 100 %. » Par contre, explique-t-il, ce genre d’initiative doit vraiment répondre à un besoin des employés. « L’erreur de raisonnement est de se concentrer sur la pratique de gestion, alors que la question à se poser est plutôt “De quoi mes employés ont-ils réellement besoin?” »
L’aménagement flexible du temps de travail consiste à accorder aux employés des variantes différentes de la semaine et de la journée de travail classiques, et ce, afin de mieux correspondre aux besoins de leur vie personnelle. Voici quelques exemples :
Horaire variable
Il permet aux employés d’accomplir leur journée de travail en modulant l’heure d’arrivée ou de départ, pour faire une journée de 7 h à 15 h, par exemple. C’est la pratique la plus courante. « Là où c’est le plus délicat, souligne Jacques Forest, c’est pour les postes liés au service à la clientèle, alors qu’il faut assurer une présence dans des plages horaires précises. Aussi, idéalement, les employés devraient avoir un horaire stable afin que l’employeur et les collègues sachent à quel moment ils sont généralement présents. »
Heures réduites ou temps partiel
Il s’agit de travailler moins longtemps que la semaine normale de 37,5 ou de 40 heures. Cette modification de l’horaire peut être permanente ou temporaire, par exemple lors d’un retour de congé de maternité, d’un départ à la retraite, d’une convalescence ou de problèmes de santé. On évalue la demande au cas par cas. « Le secret, c’est d’être à l’écoute des besoins et d’avoir un équilibre entre les attentes des employés et la bonne marche de l’entreprise », poursuit Jacques Forest.
Semaine de travail comprimée
C’est une tendance de plus en plus fréquente, surtout entre la mi-juin et la mi-septembre. L’employé fait des journées plus longues en échange d’une journée supplémentaire de congé. Par exemple, quatre jours de travail à raison de 10 heures par jour contre un vendredi de congé. C’est une bonne façon de satisfaire une certaine catégorie d’employés, mais qui ne s’adresse pas à tous.
Télétravail ou travail à domicile
Cette pratique peut être occasionnelle, advenant une tempête de neige, par exemple. S’il s’agit d’une possibilité plus fréquente, elle suppose de définir clairement les paramètres tels que la durée du travail à distance et le mode de communication avec les collègues au bureau. « Chose certaine, pour toutes ces pratiques et précisément celle-ci : tout réside dans la confiance en l’être humain! » conclut Jacques Forest.
Diverses études ont prouvé qu’en adoptant des horaires flexibles, les entreprises ont plus de chances de fidéliser leurs employés, en particulier les jeunes qui ont des préoccupations différentes des générations précédentes. On remarque une meilleure productivité, une satisfaction au travail accrue, un gain d’énergie et une plus grande capacité à faire face au stress.