En 2018, les entreprises évoluent plus que jamais dans un contexte de transformations technologiques : plateformes en ligne, outils transactionnels, intelligence artificielle, mégadonnées, objets connectés… « C’est une période fascinante, car on assiste à énormément de changements qui ont un impact immédiat sur l’entreprise », dit Jean-Sébastien Boulard, CRHA, consultant en gestion des ressources humaines et président de MO4.

Pour les ressources humaines, les technologies apportent de nouvelles possibilités, mais également des défis. Quel rôle doivent jouer les professionnels RH dans ces changements?

S’impliquer dans le choix des TI

Même si ce n’est pas le premier réflexe, l’organisation devrait consulter ses conseillers en ressources humaines au moment de choisir ses outils technologiques. « Les RH ne sont pas nécessairement technos; ils recherchent avant tout la qualité de la relation. Et c’est justement ici leur rôle : penser aux impacts des technologies non pas uniquement en fonction de l’organisation, mais aussi en fonction des gens dans l’organisation, explique Jean-Sébastien Boulard. Il arrive trop souvent qu’une entreprise investisse dans un gros système qui sera en fin de compte très peu utilisé. Il faut s’assurer de bien comprendre en amont les besoins organisationnels et ceux des employés. »

Se positionner comme agent de changement

Le conseiller en ressources humaines doit comprendre comment un nouvel outil technologique sera utilisé et comment le client interne (l’employé) en sera affecté : quelle sera son aventure à travers la mise en place d’un processus de travail différent? « Quand on a implanté une nouvelle technologie, ce n’est pas la fin du projet, mais le début! Quand on change un système, les gens sont perdus et peuvent opposer de la résistance », explique M. Boulard. C’est pourquoi le professionnel en ressources humaines doit apprendre à gérer le changement qu’engendre l’arrivée d’une nouvelle technologie.

Utiliser l’information de façon adéquate

Plusieurs données sont maintenant accessibles grâce aux outils technologiques. À partir de celles-ci, on peut utiliser des modèles prédictifs de la performance au travail. « L’accès à ces nouveaux renseignements nous permet de percevoir des réalités qu’on ne voyait pas auparavant, ce qui accroît l’efficacité », dit M. Boulard. Or, cette abondance de données engendre aussi des questions. Comment trier l’information utile dans cette masse? Comment partager cette information au sein de l’entreprise? « Une chose est certaine, il faut être transparent. La logique du secret n’a plus cours aujourd’hui », constate M. Boulard.

Garder le cap sur la qualité de la relation

L’utilisation des technologies doit améliorer l’efficacité des processus. Elle nous force au passage à analyser notre architecture et notre organisation, mais il y a un risque que cela se fasse aux dépens des relations humaines. « Une des choses qui ne se développera jamais avec la technologie, c’est l’empathie. On ne veut pas avoir SIRI comme psychothérapeute! » illustre M. Boulard. « La relation est au cœur de la gestion des ressources humaines, poursuit-il. Le gestionnaire RH doit donc continuer de s’assurer qu’on offre une expérience humaine de qualité à nos employés. »

Si les entreprises sont déjà plongées dans un contexte de mutations technologiques, elles en connaîtront encore bien d’autres au cours des prochaines années. « D’ici 10 à 15 ans, les technologies transformeront le marché de l’emploi ainsi que les modèles économiques. On n’a qu’à penser à la robotisation dans les entreprises manufacturières, qui devrait prochainement s’implanter au Québec. Cela viendra avec des inquiétudes. Dans toutes ces transformations, celles qui s’imposent déjà en 2018 et celles à venir, il faut revenir à la qualité des ressources humaines : quel est le besoin de l’employé et comment on le traitera… Les outils technologiques ne font pas tout! » conclut M. Boulard.

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