Sur papier, tout y est : les compétences, l’expérience, la formation. Et puis, le candidat se présente en entrevue et quelque chose cloche... Olivier Dauphin-Daffe, CRHA, conseiller en gestion des ressources humaines responsable du recrutement à l’Institut de cardiologie de Montréal, nous explique ce qu’est le savoir-être et nous donne des trucs pour l’évaluer plus objectivement.

« Ce qu’on sent d’abord de façon tout à fait intuitive, c’est le savoir-être du candidat : comment se comporte-t-il avec les autres et comment réagit-il dans différentes situations? » dit Olivier Dauphin-Daffe.

Selon le conseiller en ressources humaines, au sein d’une petite ou moyenne entreprise, il est encore plus critique de prendre en compte le savoir-être : « Le manque de savoir-être d’un seul employé a des répercussions importantes sur le climat de travail, déstabilisant et démotivant les équipes. On imagine facilement l’incidence que cela peut avoir sur la productivité de l’entreprise et sur l’état mental de tous les autres employés. »

En somme, négliger le savoir-être d’un candidat peut coûter cher à une PME.

Faire tomber les masques

Si un candidat envoie son CV à répétition, fait de multiples appels de suivi, voire cogne à la porte et insiste pour rencontrer le dirigeant, on peut se douter que sa personnalité risque d’être incommodante. Même chose s’il ne vouvoie pas d’entrée de jeu ou s’il interrompt continuellement lors d’un échange téléphonique. Malgré ces signes, rien n’égale une entrevue en personne d’au moins trente minutes pour distinguer le vrai du faux.

« Lors de l’entrevue, on tente de mettre la personne assez à l’aise pour qu’elle soit naturelle et que son savoir-être se manifeste authentiquement », explique Olivier Dauphin-Daffe. Outre les questions d’usage, on interroge le candidat sur des situations vécues ou on lui propose des mises en situation afin d’évaluer son comportement. Attention aux « experts en entrevue », dont le ton et les réponses semblent a priori adéquats, mais manquent d’intégrité. On évite de telles réponses mécaniques par des questions précises qui évitent les lieux communs.

Un petit truc : Olivier Dauphin-Daffe aime choisir un local loin de la réception comme cadre d’entrevue. Il a alors l’occasion d’accompagner le candidat pendant quelques précieuses minutes lors desquelles les échanges informels lui donnent une foule d’indices utiles sur son savoir-être.

Et si on se trompe?

Même en portant une attention particulière à la personnalité d’un candidat avant l’embauche, on peut se tromper. Après tout, il existe des maîtres du camouflage social qui arrive à se conformer aux attentes… un certain temps. Ainsi, selon Olivier Dauphin-Daffe, il est sage de prévoir une période d’essai afin de se laisser une marge de manœuvre en cas d’embauche ratée : « Mais encore là, il y a de ces personnes qui réussissent à s’effacer pendant toute la durée de l’essai avant que le naturel ressorte au galop! »

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